« L'Assaut », disparu avant sa dissolution judiciaire

RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite  Lundi 31 août 2015


CHRONIQUE JUDICIAIRE -  La violence est en général endogène à l'extrême droite. Tabassages et actions commandos sont au programme de groupuscules qui la composent. Ce fut le cas du groupe néonazi L'Assaut. Afin d'éviter des poursuites judiciaires, son chef décida de le dissoudre. Officiellement. Ses pratiques illégales de jadis sont en effet toujours en vigueur aujourd'hui.



> Pêle-mêle d'articles de presse consacrés aux méfaits ultra-violents du groupe néonazi L'Assaut, souvent considéré comme une milice privée – Doc : RIDAF-RésistanceS



De 1988 à 1993, le « groupe L'Assaut » a été l'un des représentants de l'extrême droite francophone les plus actifs. Il agit alors dans l'ombre des trois partis électoralistes « nationalistes » de Bruxelles et de Wallonie de l'époque : le Parti des forces nouvelles (PFN), fondé en 1983 par le Front de la jeunesse (FJ), le Front national (FN), mis sur pied en 1985 par le docteur Daniel Féret, et le « front wallon » AGIR, créé en 1989 par des dissidents liégeois du PFN. Le groupuscule a aussi alors des contacts avec la droite extrémiste radicale flamande : Vlaams Blok, Nationaal front, Odal gruppe, Voorpost, Blood and Honour Vlaanderen...

L'Assaut est un « groupe d'action nationaliste ». Il regroupe essentiellement des jeunes militants, d'abord à Bruxelles, puis à Charleroi, à Liège et à Namur. Quelqu'uns de ceux-ci proviennent du PFN. Son dirigeant-fondateur, Hervé Van Laethem, un militaire de carrière, a lui été formé par l'Europèse partij-Parti européen (EPE), un groupuscule « national-socialiste hitlérien » implanté à Schaerbeek, dans les années quatre-vingt. Comme l'EPE, L'Assaut est directement issu de la mouvance néonazie belge. Le racisme primaire, l'antisémitisme historique, l'antisionisme détourné, le négationnisme pervers... font partie de sa propagande. L'ex-SS wallon Léon Degrelle est le modèle de ce groupe. Des dirigeants et des militants de celui-ci partent régulièrement à sa rencontre en Espagne où le fondateur de Rex, le parti catholique d'extrême droite des années trente, a trouvé un asile politique depuis la chute du Troisième reich nazi.



Néonazis du groupe L'Assaut et de la milice privée VMO, en Allemagne à la fin des années quatre-vingt, sur la tombe de Rudolf Hess, le numéro deux de la dictature hitlérienne - Doc. Archives RIDAF.




Stratégie pour éviter la justice
Le groupe L'Assaut va se faire connaitre pour ses opérations coups de poings lors de manifestations d'extrême droite, dont il assure parfois le service d'ordre. Dans son organe de liaison, au titre éponyme, il prône la violence contre ses nombreux ennemis et appel même à éliminer Nelson Mandela, le leader sud-africain anti-apartheid, par pendaison, dans la plus pure tradition des lynchages racistes de noirs, commis aux Etats-Unis par le KKK, dont il se revendique. Il proclame également qu'il veut se substituer à la police pour, les armes à la main, « régler la circulation si la crapule immigrée descend dans la rue » (comme cela est mentionné en couverture du n°36, de juin 1991, de son bulletin de presse : voir plus bas). Il s'agit d'une infraction qui tombe sous le coup de la loi de 1934 interdisant en Belgique les milices privées.

Suite à des actions violentes (tabassages en rue, bagarres lors de manifs, opération commando contre un stand antiraciste...), son chef, des militants ou des sympathisants de L'Assaut ont été arrêtés, emprisonnés, poursuivis devant les tribunaux et condamnés. En 1993, afin d'éviter d'éventuelles poursuites judiciaires pour constitution d'une milice privée, L'Assaut va arrêter de lui-même ses activités.

Pseudopode du VMO-Bruxelles, la section bruxelloise francophone du Vlaamse militanten orde (VMO), le chef de L'Assaut ne veut pas être pris dans les mailles du filet de la justice. Comme le furent, dix ans auparavant, les leaders du VMO et du Front de la jeunesse. Ces mouvements néonazis  organisaient, notamment, des camps d'entrainement paramilitaire dans les Ardennes, des défilés en uniformes et des actions commandos violentes contre des manifestations antifascistes, des locaux de travailleurs immigrés...

La disparition volontaire du groupe L'Assaut a donc été une stratégie. Dans les faits, le noyau dur qui le constitue poursuivra en effet son combat pour « L'Europe blanche » et l'« Ordre nouveau ». En 1995, il participe à la création d'un FN bis, constitué autour de la nouvelle députée fédérale frontiste, Marguerite Bastien, qui avait fait dissidence quelques semaines après son élection au Parlement. L'Assaut devient un des pilier de son Front nouveau de Belgique (FNB). Hervé Van Laethem, avec d'autres du groupe, se charge d'encadrer les « jeunesses » du FNB. Mais après des conflits internes, il va finir par claquer la porte de ce nouveau parti d'extrême droite pour créer, en septembre 1999, son propre mouvement politique et électoraliste, le « Mouvement pour la Nation », connu aujourd'hui sous le nom de « Nation ».



Doc. Archives RIDAF.
Une nouvelle milice privée ?
Le premier juin dernier, six militants (dont un dirigeant, Pascal C.) de Nation ont été arrêtés de manière musclée par des policiers aidés par des militaires belges. Ces nervis venaient de tabasser un punk, sans-domicile-fixe et d'origine polonaise, sur la place du Luxembourg, juste en face du Parlement européen à Bruxelles, après une opération préméditée du mouvement Nation visant à empêcher le déroulement d'une manifestation légale de collectifs de demandeurs d'asile (voir nos articles « A six contre un : un SDF a été tabassé par des activistes de Nation » et « Qui sont les agresseurs de Nation, selon ses propres dirigeants ? »).

Ce passage à tabac, à six contre un, rappelle sérieusement ceux commis jadis par des membres du groupe L'Assaut. Force est de constater que ses méthodes et son idéologie perdurent toujours de nos jours (voir notre article « Le retour du groupe néonazi L'Assaut ? Le mouvement Nation est-il une milice privée violente ? »). Méthodes et idéologie caractérisant la reconstitution d'une milice privée...


ALEXANDRE VICK
RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite 



REVUE DE PRESSE - LE GROUPE L'ASSAUT, VIOLENCES & MILICE PRIVÉE

Voici quelques articles, vieux de plus de vingt ans pour la plupart, provenant des Archives du RIDAF (Réseau d'informations et de documentation antifasciste) sur les violences du groupe L'Assaut et les poursuites judiciaires contre des militants et des dirigeants de celui-ci.






















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