Le procès des « six de NATION » s'est ouvert ce mardi

RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite Mardi 1er septembre 2015  | Modif. : 02/09/15 et 07/09/15


CHRONIQUE JUDICIAIRE - En juin dernier, un SDF polonais était lynché, à Bruxelles, par des militants du mouvement d'extrême droite NATION. La première audience de leur procès a eu lieu ce mardi. Tous les prévenus étaient présents. Le journal d'investigation RésistanceS et une dizaine d'antifascistes également. Mais, les véritables dirigeants de NATION ne s'y sont pas montrés. Ce sont ses petites mains qui vont payer. Pas les auteurs des discours de haine à la base de leur excès de violence.

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De gauche à droite, les prévenus Lucas H, Pascal Cornet, Andy VDH et Gregory B. A l’extrême droite, Eddy De Smedt, le chef bruxellois du mouvement d'extrême droite NATION, et seul membre de sa direction présent au procès © Photo : BL / RésistanceS





Ce mardi 1er septembre, le procès de Lucas H. (20 ans), Jonathan D. (32 ans), Gregory B. (24 ans), Geoffrey B. (25 ans) et Andy VDH. (28 ans), cinq militants de base du mouvement d'extrême droite NATION, ainsi que de Pascal Cornet (47 ans), l'un de ses dirigeants historiques, s'est ouvert devant la 43e Chambre du Tribunal correctionnel de Bruxelles.

Ce procès concerne le tabassage par ces six activistes d'extrême droite d'un SDF polonais, place du Luxembourg devant le Parlement européen de Bruxelles, commis il y a tout juste trois mois. Ce passage à tabac ultra violent, à six contre une seule personne, qui fut filmé par un témoin, s'était déroulé après une opération du mouvement NATION pour tenter, sans succès, d'empêcher une manifestation légale de collectifs de demandeurs d'asile.


Les parties civiles
Les « six de NATION » sont poursuivis par le Parquet de Bruxelles pour cette ratonnade, mais aussi pour des violences à l'encontre de deux policiers, commises lors de leur arrestation musclée réalisée quand ils tentèrent de prendre la fuite après leur forfait.

La victime polonaise et le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLR), l'organisme interfédéral en charge de l'application de la loi antidiscrimination, se sont par ailleurs constitués partie civile contre les cogneurs de NATION.



Lucas H, jeune militant de NATION, un adepte de jeux de guerre paramilitaires, à la sortie de la première audience du procès © Photo : BL / RésistanceS




La direction de NATION ? Absente !
A l'ouverture de ce procès ce matin, les six prévenus de NATION étaient accompagnés de cinq personnes. Arrivé très en retard, seul un autre membre connu de ce mouvement se revendiquant pourtant comme « solidariste », Eddy De Smedt, le président officiel de sa section bruxelloise, viendra les soutenir sur place.

Les autres dirigeants de NATION brillaient eux par leur absence, en particulier le prolixe (sur Facebook surtout) président du mouvement, Jean-Pierre Demol, son secrétaire politique, Nicolas Pignolet, son véritable dirigeant, Hervé Van Laethem (qui le cofonda en 1999), et tous les autres membres de son comité exécutif (COMEX) : Patrick François, Lancelot Bisschop, Chantal Trefois, Astrid Demeunier, Olivier Frapchot, Guy Debbaudt, Corine Dewingaeden, Patrick Rapsant et Gérald Fontaine.

La direction de NATION souhaite certainement évitée d'être diabolisée par cette épisode judiciaire jugeant un acte politique bien peu populaire dans l'opinion publique, y compris auprès de l'électorat d'extrême droite. Préférant exprimer un soutien très discret en interne, c'est dès lors pour cette raison qu'aucun cadre de NATION ne s'est déplacé ce mardi au Palais de justice de Bruxelles, à l'exception d'Eddy De Smedt, qui devrait comme un fusible sauter suite à ses déclarations des plus maladroites dans les médias, en juin dernier, pour justifier la violence des « six de NATION » (voir notre article : Qui sont les agresseurs de Nation, selon ses propres dirigeants ?).


Antifascistes présents !
Les chefs de NATION ont donc préféré ne pas apparaitre publiquement avec leurs militants poursuivis devant le tribunal par le Parquet de Bruxelles. Des militants qu'ils ont pourtant formé et avec lesquels, certains, se sont retrouvés dans des échauffourées contre des antifascistes à Bruxelles, comme le 1er mai dernier près de la gare Centrale ou, en avril 2014, lors d'un meeting électoral du Vlaams Belang.

Contrairement aux dirigeants de NATION, le journal d'investigation antifasciste RésistanceS était, lui, bien présent au Palais de Justice, pour couvrir ce procès, comme une équipe de RTL-TVI. Une dizaine de militants antifascistes francophones et néerlandophones sont également venus assister, comme témoins, à ce procès.

Cette présence antifasciste fut une mauvaise surprise pour les membres de NATION qui ne purent cacher leur malaise. En particulier, pour Pascal Cornet - qui tenta avec un geste violent de la main d'empêcher le caméraman de RTL-TVI de le filmer - et Eddy De Smedt, qui dut rester debout dans la salle d'audience, à cause de son arrivée tardive au procès de ses militants.


Eddy De Smedt (au centre), de très mauvaise humeur, à la sortie de la première audience du procès des « six de NATION » © Photo : BL / RésistanceS



Gavés de haine
Les cinq jeunes de NATION sont aujourd'hui jugés pour leur passage à l'acte d'une extrême violence. Force est de constater qu'il fut commis après qu'ils aient été gavés de discours haineux, le plus souvent scandés par leurs chefs. Ils le payeront sans doute cher, sur le plan judiciaire, pendant que les dirigeants de Nation seront, eux, épargnés de toutes responsabilités politiques et morales. A l'extrême droite se sont aussi les plus petits qui payent l'addition.

Une prochaine audience de ce procès a été fixée au mercredi 14 octobre prochain.


RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite 


REACTUALISATION > 14 OCTOBRE 2015



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