Procès de la scientologie, le journal RésistanceS avait déjà révélé ses liens avec l'extrême droite belge

RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite  Dimanche 25 octobre 2015 - Rajout d'une illustration (RésistanceS in RTBF) : Mardi 3 novembre 2015




CHRONIQUE JUDICIAIRE - Considérée comme une secte en Belgique, le procès de la Scientologie s'ouvre ce lundi à Bruxelles. Le dossier à charge est lourd. Cette affaire judiciaire pourrait donner un coup d'arrêt au développement de cette autoproclamée « église » dans la capitale de l'Union européenne. Le journal RésistanceS avait révélé les liens des scientologues avec l'extrême droite belge. Des tentatives de pression furent alors exercées sur notre journal.

Ce lundi matin, devant la 69e chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles, s'ouvre le procès contre l'auto-proclamée « Eglise de Scientologie », fondée en 1954, aux Etats-Unis par feu l’écrivain de science-fiction Ron Hubbard, et reconnu comme étant une secte par le Parlement fédéral belge. Après une instruction de près de vingt ans, ce sont une dizaine de responsables de celle-ci en Belgique qui y comparaitront.

Les multiples motifs d'inculpation sont graves : fraude, pratique illégale de la médecine, violation de la vie privée et extorsion. Pour le parquet fédéral, ces scientologues sont encore accusés d'être à la base de la constitution d'une « organisation criminelle ». Rien de moins. Vu l'épaisseur du dossier d'instruction à sa charge, quatre audiences par semaine sont prévues pour le procès qui lui est intenté à Bruxelles. Il devrait se dérouler jusqu'au 27 novembre.

Ce rendez-vous judiciaire est historique. Il relève d'une étape des plus importantes dans le combat contre les groupes sectaires. Ces groupes s'adonnent dans la plupart des cas à la manipulation d'individus fragiles, à de la torture psychologique sur leurs adeptes, à la destruction de leurs liens familiaux, au détournement d'argent, à l'infiltration du monde des affaires et d'institutions publiques, à des pressions sur la classe politique, la magistrature et des journalistes... La scientologie est l'une des sectes les plus fortes dans le domaine.


En 2003, RésistanceS.be avait révélé l'implantation de la scientologie au coeur du quartier européen.
Ce scoop sera repris par l'ensemble des médias - Image : RTBF


Persécution religieuse !
Adepte des thèses conspirationnistes, qu'elle utilise comme manoeuvre de défense en faisant de la diversion, la secte américaine, via Éric Roux, son porte-parole du moment en Belgique, estime qu'« il y a clairement au travers de ce procès une volonté de détruire la croyance des scientologues. ». Pour lui, la « liberté de culte » de la scientologie est manifestement ciblée par la justice belge qui agirait comme au temps de l'Inquisition catholique.

Cet Éric Roux n'est pas n'importe qui au sein de la haute direction internationale de la secte. Scientologue depuis plus de vingt ans, avant son arrivée en Belgique, il s'est occupé des « relations publiques » de la Scientologie en France. Roux était alors officiellement
le président de l'Union des Eglises de Scientologie de France, soit son chef suprême. Il est apparu, au grand-jour, en 2012 lors du procès de deux structures scientologues devant la cour d'Appel de Paris. Deux de ses dirigeants y seront lourdement condamnés, pour « escroquerie en bande organisée ». Eric Roux a été détaché en Belgique, voici un certain temps, pour renforcer la scientologie dans notre pays, mais certainement aussi en vue de la préparer au procès qui s'ouvre demain à Bruxelles contre elle.


© Photo RésistanceS
« Police politique »
L'arrivée de Roux en Belgique est une des preuves que le sommet de la secte, situé à Los Angeles, considère ce procès bruxellois comme un véritable danger pour son existence dans la capitale des institutions européennes et d'organisations internationales, comme l'OTAN. En effet, ces dernières intéressent fortement les plans de conquête de la secte.

Comme l'a relevé, il y a quelques jours, le magazine d'investigation « Devoir d'enquête » de la RTBF (télévision publique belge francophone), le même Eric Roux est aussi membre de l'Office of Special Affairs (OSA). L'OSA est à la fois le service de renseignements et la « police politique » des scientologues. Ce bureau des « affaires spéciales » se charge de la traque des dissidents de la secte et de ses ennemis extérieurs : associations anti-sectes, journalistes, magistrats...

Pour mieux agir au grand jour, ladite « église » utilise abusivement un oripeau mettant en avant la défense des droits de l'Homme. La manoeuvre est subtile. En été 2003, RésistanceS révélait l'implantation, dans ce but, de la secte américaine au coeur du quartier européen de Bruxelles, après l'achat d'un coûteux bâtiment rue de la loi. D'autres révélations sur la scientologie seront ensuite encore publiées par le journal RésistanceS.be.


Liens avec l'extrême droite
Les liens entre la secte et des dirigeants de l'extrême droite belge, tant flamande que bruxelloise francophone, furent également dévoilés par RésistanceS, suite à des enquêtes d'investigation journalistique. L'ancien chef bruxellois du Vlaams Belang (VB) John Demol et Hugo Coveliers (photo ci-dessous), alors sénateur du même parti, ont personnellement apporté un appui au développement de la scientologie dans notre pays. Tout comme l'avait déjà fait auparavant Marguerite Bastien, présidente-fondatrice et députée fédérale du Front nouveau de Belgique (FNB), la plus importante scission du Front national belge.


Hugo Coveliers à la tribune
bruxelloise de la scientologie.


Un dirigeant confidentiel du FNB, Claude N. (décédé le 26 juillet 2010), avait lui aussi établi des contacts avec le « milieu scientologue » belge. Ce Claude N. était alors toujours le responsable d'un réseau secret d'extrême droite, actif depuis les années 1960, qui regroupait, notamment, d'anciens combattants nazis, des néonazis et des intégristes chrétiens. Le même individu était par ailleurs soupçonné d'appartenance au réseau clandestin « Gladio », mis en place par l'OTAN. Dans ce cadre, Claude N. aurait appartenu à la direction du WNP, organisation d'extrême droite citée dans les dossiers chauds qui ont émaillé les années de plomb belges.


Pression sur RésistanceS
Suite aux diverses révélations de RésistanceS sur l'implantation et le développement de la scientologie en Belgique, un de ses dirigeants d'origine hollandaise (et installé depuis en Suède), Ad. V., dans les années 2000, a contacté la rédaction de RésistanceS.be. Officiellement pour proposer une rencontre afin de « mieux faire connaissance » et nous convaincre du bien fondé de son église.

A plusieurs reprises, deux membres du comité de rédaction de RésistanceS ont rencontré, dans une brasserie de la Porte de Namur, Ad V., d'abord seul, puis accompagné par la cheffe belge de l'époque de la scientologie. A son invitation, une visite de son musée privé, dans ses luxueux bâtiments de la rue de la loi, avec pour guide un des responsables français de la secte, a également été faite.

Très vite, nous nous sommes rendus compte que cette démarche de séduction à notre égard comportait une véritable tentative d'intimidation et de manipulation. Rompus à ce type de pratique, elle n'a dès lors fait aucun effet sur notre rédaction. Nos contacts avec l'organisation scientologue se sont ensuite arrêtés là. Mais pas nos articles sur elle.

SIMON HARYS
RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite




Résistanceest aussi sur




© RésistanceS | Bruxelles | Dimanche 25 octobre 2015 |