Peines sévères et dissuasives contre les « six de Nation »

RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite  Mercredi 17 février 2016


JUGEMENT RENDU – Depuis le mois de septembre dernier, le journal RésistanceS.be relate le procès de cinq militants et d'un dirigeant du mouvement d'extrême droite Nation pour le lynchage ultra violent d'un SDF. Ainsi que des coups et blessures commis contre des militaires et des policiers lors de leur arrestation. Ce mercredi matin, un jugement a été rendu. Il est lourd. Avec des peines de neuf mois à un an et demi de prison – COMPTE-RENDU D'AUDIENCE

Près de six mois après son ouverture, désormais le dossier judiciaire des « six de Nation » vient d'être jugé devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Avec clarté et détermination. Sans aucune hésitation. Renforcé d'arguments solides. S'arc-boutant sur des détails probants : les aveux des prévenus, la vidéo de l'agression du SDF belge d'origine polonaise (l'une des parties civiles de ce procès), les informations fournies par les témoins et les autres victimes (des militaires et des policiers) des violences commises le 1er juin dernier devant le Parlement européen de Bruxelles, par cinq activistes du mouvement d'extrême droite Nation (Lucas H., 20 ans, Gregory B., 24 ans, Geoffrey B., 25 ans, Andy VDH., 28 ans et Jonathan D., 32 ans au moment des faits) et un de ses dirigeants (Pascal C., 47 ans).

Leur lâche agression avait été précédée d'une opération de Nation visant à s'opposer, à sa manière, à une manifestation légale de migrants et de réfugiés devant ensuite rencontrer des parlementaires européens.

Le jugement rendu ce matin par le président du tribunal correctionnel est caractérisé par un démontage systématique de tous les arguments développés par la défense pour justifier cette agression qui fut, dans les faits, un véritable lynchage. Une ratonnade dans la plus pure tradition de celles perpétrées par l'organisation raciste américaine Ku Klux Klan, le sinistre KKK.

Peines de prison et importantes amendes
Le tribunal correctionnel a reconnu que les infractions relevaient d'un délit collectif avec pour motivation également la haine raciste. Outre condamnés pour coups et blessures, ils le sont aussi, à l'exception d'un seul inculpé (Lucas H.) pour infraction à la loi anti-discrimination, à la demande du Centre interfédéral pour l'égalité (une des autres parties civiles).

Pour la « gravité des faits », le tribunal a prononcé de lourdes peines, au pénal, pour Lucas H. (neuf mois de prison et 1.200 euros d'amendes), Jonathan D. (un an de prison, 1.200 euros d'amende), Gregory B. (un an de prison, 1.200 euros d'amende), Andy VDH. (un an et trois mois de prison, 2.000 euros d'amende), Geoffrey B. (un an et six mois de prison, 2.200 euros d'amende. Il avait déjà été condamné précédemment pour d'autres motifs par le tribunal de Dinant) et Pascal C. (également un an et six mois de prison, avec une amende de 2.200 euros).

Les peines de prison sont assorties chacune d'un sursis de cinq ans. Estimant que les condamnations devaient être « sévères et dissuasives », le président du tribunal correctionnel de Bruxelles ne leur a accordé aucune suspension du prononcé. Les condamnés de Nation devront encore verser respectivement 150 euros au service d'aide aux victimes et payer les frais judiciaires de ce procès.


Nation groggy et déconfit
Estimant qu'il ne s'agissait pas du procès de Nation, le juge a cependant reconnu que la violence commise le 1er juin 2015 contre le SDF belge, qualifié d'ennemi politique par ses agresseurs, avait un lien direct avec la contre-manifestation organisée le matin même par ce mouvement d'extrême droite. Nation est bel et bien, en partie, à la source de la violence politique de ses affiliés. L'agissement musclé de ses membres, aujourd'hui reconnus coupables et condamnés, constitue, selon la justice belge, des « troubles d’ordre social dangereux. »

Après le jugement rendu, véritablement groggy, les membres de la direction de Nation présents dans la salle du tribunal, Jean-Pierre Demol (le président officiel), Eddy Desmedt et Astrid Demeunier (ses chefs bruxellois), en sont ressortis déconfits. Passablement énervé par le verdict, à deux pas de la sortie du Palais de justice l'un de ces derniers s'en est pris au journaliste du quotidien Le Soir Marc Metdepenningen, auteur d'articles sur deux précédentes audiences de ce procès, sans doute n'ayant pas été du goût de ce mouvement d'extrême droite. L'agression fut claire et précise. Mais cette fois-ci, elle ne fut que verbale.


MANUEL ABRAMOWICZ
RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite 







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