Où sont passés les (ex) frontistes belges ?


RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite  Jeudi 9 mars 2017


Enquête exclusive du journal d'investigation RésistanceS sur l'avenir de l'extrême droite belge francophone (2/4)





En 2012, l'un des FN belge, celui présidé d'abord par l'ex-sénateur et avocat Michel Delacroix (lié dans les années septante et quatre-vingts à la mouvance du « 
Nouvel Europe magazine », du Front de la jeunesse et de l'Amicale des anciens combattants de la SS wallonne), puis par l'ex-député régional Charles Pire (ex-Parti social chrétien), qui avait établi une convention avec le FN français, a cessé officiellement d'exister à la demande de la présidente de celui-ci.


Une poignée de ses « cadres », après un rapprochement avorté avec le Parti populaire (PP) de l'avocat d'affaires Mischaël Modrikamen, ont mis sur pied la Nouvelle Wallonie alternative (NWA), une formation des plus burlesques, donc sans aucune perspective de décollage. Toujours à l'état végétal, la NWA rassemble quelques individus agissant comme les derniers clients d'un « café du commerce ». L'un de ses fondateurs, Olivier Buys, suite à des rivalités avec d'autres chefaillons, a lancé une énième structure, « Identitaires ardennes », dont l'ambition se dispute ici encore avec les incompétences bien connues de l'extrême droite belge francophone.

Toujours actif fin 2016
De leur côté, d'autres anciens du FN de Charles Pire, qui avait scellé une alliance électorale avec le « Mouvement Nation » dirigé par l'un des ex-leaders du néonazisme belge, ont maintenu en vie une asbl frontiste essentielle : Financement du Front national (FFN).

Fondée en juillet 2011, son rôle est alors de gérer les moyens financiers du parti d'extrême droite du même nom. En novembre dernier, il y a juste quatre mois, deux membres de la direction de l'asbl FFN, Quentin d.L et Georges-Pierre T., ont démissionné de leur poste d'administrateur respectif. C'est-à-dire que cette association d'extrême droite est restée active bien après la dissolution officielle du FN de Charles Pire en 2012. Les dirigeants de l'asbl FFN pensaient, certes très naïvement, que son existence maintenue pouvait être oubliée par les spécialistes de l'extrême droite. Mais cela n'a pas été le cas, à leur détriment.

Des Belges aiment toujours Le Pen
Pour sa part, regroupant des transfuges et des alliés du FN de Charles Pire, le Mouvement Nation anime, encore à la date d'aujourd'hui, un groupe militant sur Facebook. Son nom ne peut laisser aucun doute sur son orientation politique et son objectif : « Les Belges aiment Marine Le Pen ».

Le réseau social en question reste le principal lieu de propagande et de recrutement de l'extrême droite, comme l'avait prouvé dans ses enquêtes journalistiques d'investigation RésistanceS.be. Avec ce groupe Facebook, le Mouvement Nation a pour but d'attirer vers lui les sympathisants en Belgique de la cheffe de l'extrême droite française, aussi populaire en Wallonie que dans certaines régions françaises.





Sur le Front wallon
Toujours au sujet des « anciens » combattants belges du Front, un de ses ex-députés régionaux wallons, Charles Petitjean, possède toujours de son côté le Front wallon (FW). Ce FW a officiellement repris le nom d'une asbl éphémère, fondée en mai 2013, sous le nom de « Rassemblement Bleu Marine » (RBM), identique à la structure paravent du FN français visant à l'accueil des transfuges venant d'autres milieux politiques que celui de l'extrême droite classique.

Aux élections régionales de 2014, le Front wallon avait obtenu des résultats dignes de ceux des groupuscules de la « droite nationaliste » des années quatre-vingts.




AGIR contre Agir
Dans la région liégeoise, un ex-pilier du frontisme local, Joseph Franz, dirige encore le « Parti des pensionnés » (PdP) qui tenta, à plusieurs reprises et sans succès, l'option électorale. Ce PdP est lié à diverses micros initiatives locales visant à la création d'un cartel électoral d'ultra droite unitaire impliquant l'« Alliance nationaliste wallonne » (ANW), « Agir pour la démocratie » ou « Agir Ensemble ».

Pour cette mouvance, Marine Le Pen reste « la » référence centrale. En septembre 2015, des militants d'Agir Ensemble s'étaient déplacés, jusque Bruxelles, pour assister au « colloque souveraineté » organisé par le Vlaams Belang, avec comme oratrice principale la présidente du FN français en personne.

La poursuite de l'utilisation du nom « Agir » par des ex-frontistes pourrait désormais donner lieu à des actions judiciaires enclenchées par l'asbl « AGIR », créée il y a treize jours à peine par l'un des ex-présidents du FN belge historique (voir l'article 1/4 de cette enquête exclusive de RésistanceS.be).

La guerre des clans frontistes belges est loin d’être terminée.

SIMON HARYS
RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite


© RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite  Bruxelles | Jeudi 9 mars 2017 | RésistanceS est aussi sur FACEBOOK  ICI